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Témoignage : le défi vélo d’Anaïs

Publié le 05 décembre 2022

Anaïs Le Ménahèze est une jeune femme positive, engagée et sensible. En décembre dernier, elle a frappé à la porte de la SRAE Nutrition pour nous parler de son projet : parcourir la France à vélo pour rejoindre les Pyrénées. Pas si évident avec des kilos en trop… mais elle compte bien relever le défi ! 

Pouvez-vous nous parler un peu de vous ?
J’ai 30 ans et je viens d’une famille très soudée. J’ai toujours vécu dans la région.  Je suis TISF de métier, un métier que j’aime et que je défends, même si les conditions de travail sont difficiles. Je reviens toujours au social, même si parfois j’ai besoin de faire des pauses pour ne pas être trop affectée. J’ai travaillé au sein de plusieurs associations et dernièrement auprès de services d’urgence accompagnant des personnes étrangères.

Vous êtes aussi très investie dans une activité associative.
J’ai toujours été attirée par l’Afrique mais je me sentais bloquée par mon poids pour voyager. Un jour, j’ai décidé de prendre mon billet et je suis partie dans le cadre d’un voyage solidaire avec l’association Katsatsa Togo. J’ai ensuite créé une association en France (Katsatsa France Togo). J’ai participé à diverses actions socio-éducatives au sein d’orphelinats et d’écoles. Maintenant nos actions sont ciblées sur l’écologie et l’emploi (construction d’aires de jeux, poulaillers, avec des objets recyclés).

Comment se sont passés vos différents séjours là-bas ?
Quand je suis partie, j’avais perdu 45 kilos toute seule, grâce à de meilleures habitudes alimentaires et à la salle de sport 3-4 fois par semaine. Une fois arrivée au Togo, je me suis sentie tout de suite comme chez moi. On m’appelait pourtant « la grosse » malgré ma perte de poids ! Mais il n’y avait rien de péjoratif, c’est un compliment, les formes sont appréciées et c’est aussi un signe de richesse. Il n’y a pas de jugement sur l’apparence et le contact est facile. C’est aussi là-bas que j’ai rencontré mon mari.

Quel est votre parcours face à l’obésité ?
J’ai été une enfant un peu « rondelette » comme on dit, avec un pic à l’adolescence. Mon poids, c’était ma protection, ma carapace. Mon entourage a toujours été au top et je n’ai pas été trop embêtée au collège ni au lycée. Je faisais un peu le clown, pour qu’on retienne de moi plutôt mon humour que mon apparence. J’ai été prise en charge dès 7-8 ans par des psychologues, puis adolescente par des diététiciens. Mais les crises d’hyperphagie et de boulimie revenaient. J’ai toujours voulu comprendre quand je ne me sentais pas bien. Récemment, on m’a détecté un problème hormonal. C’est un début de réponse et je suis désormais un traitement pour la thyroïde. J’ai aussi participé à un programme d’éducation thérapeutique avec une bonne prise en charge, mais trop orientée vers la chirurgie et avec un suivi trop espacé. C’est la première fois que le mot « maladie » était posé. Aujourd’hui, je voudrais me réorienter vers d’autres méthodes : l’hypnose, l’EMDR… Mais ce n’est pas évident quand il n’y a pas de remboursement.

En quoi consiste le défi vélo que vous vous êtes lancé ?
Il y a peu de temps, j’ai compris que faire du vélo me permettait de me vider la tête, de découvrir des paysages, de prendre le temps de penser à moi. Je souhaiterais parcourir à vélo une partie de la France depuis Nantes pour atteindre les Pyrénées (Lourdes). Je veux le faire pour me mobiliser et m’aider à retrouver le goût de l’exercice physique, me sentir aussi soutenue dans ce combat quotidien face aux kilos en trop. Au début, je voulais en faire un défi individuel, mais en fait ce sera sûrement à plusieurs. J’ai une amie qui souhaite m’accompagner et qui sera soutenante. Et puis il y aura mon frère qui fera une étape depuis Bordeaux jusqu’à Lourdes. 

C’est un long parcours…Vous vous êtes déjà entraîné ?
J’ai déjà réalisé des parcours, le dernier était de 70 km. Mentalement, je me suis sentie bien. Mais j’ai rencontré des difficultés : j’ai déraillé, roulé avec des pneus à plat, roulé dans le noir sans lumières… J’ai eu des grosses douleurs pendant plusieurs jours. En fait j’ai foncé tête baissée mais je n’étais pas bien préparée, ni au niveau matériel, ni au niveau physique. 

Quels sont vos besoins pour réaliser votre parcours ?
J’aurais souhaité être soutenue dans ce projet pour l’achat d’un vélo adapté à ma morphologie. J’aurais aussi besoin d’équipements adaptés :  une petite carriole, des tenues avec des slogans dessus pour lutter contre l’obésité… Depuis que j’ai commencé à parler de mon projet, les choses bougent ! Une personne m’a contactée et se propose de récupérer des pièces d’occasion pour concevoir un vélo adapté, avec des pièces neuves si besoin. C’est une démarche écologique qui me plait. Pour ce qui concerne l’aspect préparation physique, j’ai pris contact avec la Maison Sport Santé de Bellevue à Nantes.

Au-delà de votre parcours en vélo, avez-vous d’autres projets ?
J’ai envie d’apporter une autre dimension à mon projet, je souhaiterais intervenir au sein d’écoles, de structures, d’associations… Ce serait l’occasion d’apporter un autre regard sur l’obésité et faire réfléchir notamment autour du harcèlement, des préjugés tenaces sur cette maladie.

Que diriez-vous à des personnes dans la même situation que vous ?
Avancez ! Faites des projets qui vous tiennent à cœur et ne faites pas attention au regard des autres. Acceptez aussi votre maladie.

Propos recueillis par Anne-Cécile Adam

Si la lecture de cet article vous a donné envie d’aider Anaïs dans son projet, vous pouvez lui écrire : anaislemene@hotmail.fr